Violoniste égaré

C'est peut-être la première fois de ma vie que j'ai passé autant de temps à la salle de bain et j'avais bien fait car il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Après avoir remercié mon oncle de m'avoir accompagné jusqu'à là, je pris mes quelques affaires et sortit du véhicule.

Si mon corps était fait de laine, alors, il aurait suffit de quelques minutes pour que je me retrouve déchiré en plusieurs morceaux. Fort heureusement pour moi, ce n'était pas le cas.

J'ignorai les questions plus ou moins indiscrètes qu'on me posait et faisait de mon mieux pour masquer mon anxiété. En revanche, je repoussai violemment tous ceux qui tentaient de toucher la boite où j'avais rangé mon violon : mon bien le plus précieux…

" – Excusez-moi. ", fit-je en rentrant dans l'établissement.

Je jetai un coup d'oeil rapide à ce qui semblait être le hall.
C'était immense et très beau. Je m'étais imaginé quelque chose de bien plus triste avant mon arrivée, mais, en fait, c'était plutôt le contraire. Il y avait des casiers, alors, j'en profitai pour me déchausser et y ranger mes chaussures.

Ma valise était bien maigre, comportant le strict minimum et c'était bien stupide de ma part, je l'avoue. J'aurai pu, au moins, ramener des livres.

* Bah, peu importe ! Si je veux un livre, je peux toujours m'en acheter un ! *

J'observai les quelques élèves présents et remarqua le plan du bâtiment à quelques mètres de moi. Je m'en approchai et essaya de comprendre ce que pouvait bien signifier tous ces carrés et toutes ces légendes.

Je n'avais pas envie d'errer dans tous ces étages et couloirs durant des heures et des heures jusqu'à trouver ma chambre mais, de là à demander de l'aide...

Attendre. Je n'avais qu'à attendre qu'on m'indique le chemin. J'attendrais une heure maximum, dans le pire des cas. Quelqu'un finira bien par remarquer que je suis perdu. Du moins, je l'espère. Sinon, je me débrouillerais seul.

Je me réveillais brusquement dans ma chambre. Autour de moi, ma valise à moitié vide, mon armoire à moitié pleine, je m'étais sans doute écroulée de fatigue. Je bondissais sur mes pieds me rendant compte que j'étais encore crevée, et loin d'être remise du long voyage que j'avais fait pour venir jusqu'ici, à savoir traverser la moitié du Japon en taxi. Rien de plus pénible et ennuyeux. J'ouvrais un fenêtre pour faire de l'air et je souriait de voir qu'il ne pleuvait pas, j'avais devant moi la cour de l'école et plus loin à droite je pouvais voir l'entrée de l'Académie. Une foule se pressait encore, et pour moi il était clair qu'elle ne désemplirait pas de la journée. Ces uniformes étaient une fierté, mais aussi un moyen de se retrouver nu en pleine nue ou de se faire voler ses affaires. La passion des gens était un sentiment puissant, mais parfois très dangeureux.

Au loin je vit à peine une tête sombre passer entre les grilles et je devinait qu'un élève avait relevé la première épreuve: passer au milieu du bain de foule et en sortir vivant. Il me vint une envie folle de descendre et de courrir faire la connaissance de ce jeune homme et de le féliciter de son courage. Un garçon, du moins en étais-je sur? Il avait les cheveux courts, mais il était possible que ce soit une jeune fille... Je passais rapidement la main dans mes cheveux et enfilait tout de même un polo par-dessus ma chemise d'uniforme et courait à sa rencontre.
Les escaliers me parurent très long à descendre et j'arrivais enfin dans le Hall. Le jeune homme qui était donc bien un garçon, scrutait le plan de l'école que je n'avais moi-même pas vu.

-Je peux t'être utile?

Voilà plus qu'un quart d'heure que j'attendais ici.
Je devais sûrement avoir l'air ridicule, mais qu'importe.
De toute façon, était-ce le moment de s'inquiéter de mon image ?

" - Je peux t'être utile ? "

Il s'agissait d'une jeune femme.
Au début, j'ignorai si elle s'adressait bien à moi, alors je me contentai de regarder vivement sur ma gauche et sur ma droite. Je me retins aussi de pousser un cri de joie qui m'aurait fait passer pour un fou à ses yeux. Je m'inclinai donc pour la saluer afin d'être le plus courtois que possible.

" – Euh… Bonjour.
Sauriez-vous où se trouve le dortoir n°2, s'il vous plait ? "

Puis, je me relevai, attendant une réponse de sa part.

Le jeune homme ne répondit pas tout de suite, je le détaillais rapidement et me rendait compte qu'il était plus grand que je ne l'avais pensé, lorsque je l'avais aperçu de loin. Il scruta de chaque côté de sa personne et je comprit qu'il doutait que je m'adresse à lui ou non. Il finit par voir que nous étions presque les seuls dans le Hall, et que les gens qui venaient d'entrer étaient bien trop loin. Il masqua son enthousiasme à cette découverte mais je l'a remarqua quand même. Il devait être perdu comme lorsque j'étais moi-même arrivé.

" – Euh… Bonjour.
Sauriez-vous où se trouve le dortoir n°2, s'il vous plait ? "

Je souriait d'autant plus surtout qu'il était polie et m'avais vouvoyer. J'en avais presque envie de rire. En plus je l'avais tutoyer et rapidement saluer. Sa question me fit réfléchir quelques instants, il était dans le deuxième dortoir? Donc en musique, chant ou danse? En tout cas j'ignorais complètement où pouvait se trouver les dortoirs numéro deux et trois. Je me tourna vers le plan et lui montrait du doigt.

-Euh... Non désolé... Mais tu n'as pas trouvé sur le plan?

Je lançais rapidement un regard et comprit que le plan était composé de tellement de couleur, de chiffre et de lettres, même de lettres grecque, je comprit que ce n'était d'aucune utilité.

-Je m'appelle Akimoto Jade, et je suis dans le dortoir un, alors je ne sais pas du tout, désolé...

" - Euh... Non désolé... Mais tu n'as pas trouvé sur le plan ? "

Je baissai la tête, ne sachant quoi lui répondre. Dans la perspective où je saurais le lire, et éventuellement le comprendre, être apte à m'en souvenir dans ses moindres détails serait un miracle.

" - Je m'appelle Akimoto Jade, et je suis dans le dortoir un, alors je ne sais pas du tout, désolé... "

Je me souviens avoir lu que le dortoir un était pour tous les élèves souhaitant devenir mannequin ou couturier/styliste. Je trouvais qu'elle était bien courageuse pour exercer dans ce domaine (en particulier le mannequinat) alors je ne pouvais qu'être qu'admiratif.

Je me présentai à mon tour, tout en lui souriant :

" – Kamiyama Itsuki, dortoir n°2, musicien. "

Après un certain silence, je finis par lui demander :

" – Hum…je sais que cela peut vous paraître vraiment très étrange mais, est-ce que je peux vous tutoyer, Akimoto-san ? Je n'ai pas l'habitude de vouvoyer les gens, en fait. "

Faux, la vérité était que je n'avais pas l'habitude de parler aux gens.

" – Êtes-vous mannequin, styliste ? "

Le jeune homme ne semblait pas aussi doué que moi pour lire le fichu plan, il resta un peu timide et introvertie et finit par se présenter également. Il avait un nom et un prénom agréable, il appartenait au dortoir numéro deux et était musicien. J'essayais de l'imaginer jouer toute sorte d'instrument pour savoir lequel lui allait le mieux, et lequel il savait donc peut-être jouer. Je vis alors en plus de son sac, une sacoche assez spéciale et de la forme d'un violon. Je sourit largement à cette découverte, et voyait à présent comme le ton mélancolique et sublime du violon devait coller à son personnage.

Il ne dit rien de plus, mais semblait mal à l'aide, il finit par me dire ce que je pense, devait le tracasser:
" – Hum…je sais que cela peut vous paraître vraiment très étrange mais, est-ce que je peux vous tutoyer, Akimoto-san ? Je n'ai pas l'habitude de vouvoyer les gens, en fait. "

Je sourit pour le mettre plus à l'aise et répondit avec une moue optimiste:
-Bien sur! Les vous me font paraître plus vieille et je n'aime pas du tout! Et puis je suis une élève comme toi après tout! Pas une prof grincheuse ou une dirlo poussiéreuse...

Il me demanda ensuite si j'étais mannequin ou styliste. Je sourit en lui répondant simplement que la création même ne m'intéressait pas, et que pour le moment, ne savant pas vraiment quoi faire d'autres, et ayant eu la chance de recevoir une lettre d'un tel établissement, j'avais accepté l'option de mannequin.

-Mais en réalité je pense me reconvertir en maquilleuse professionelle. Rendre belle les stars, les mannequin, faire des coiffures de dingue! J'étais devenir un peu une magicienne de la beauté... Alors je me dis qu'être mannequin ne peut m'apporter que de l'expérience et pourquoi pas me faire connaître et rencontrer des gens intéressants!

J'espérais qu'il ne me trouvait pas trop bête, je racontais si vite ma vie depuis que j'étais ici...

-Et toi? Tu es violoniste alors? Tu veux en faire ton métier, ou c'est une sorte de tremplin comme moi?

" - Bien sur! Les vous me font paraître plus vieille et je n'aime pas du tout! Et puis je suis une élève comme toi après tout! Pas une prof grincheuse ou une dirlo poussiéreuse... "

Sa réponse me rassura.
Je n'aurais su quoi faire si elle m'aurait répondue 'non'.
Je détestais l'admettre, mais j'étais devenu complètement paranoïaque.
Signe que j'avais besoin de prendre de me reposer, prendre des vacances, et des longues.

" - Mais en réalité je pense me reconvertir en maquilleuse professionnelle. Rendre belle les stars, les mannequins, faire des coiffures de dingue! J'étais devenir un peu une magicienne de la beauté... Alors je me dis qu'être mannequin ne peut m'apporter que de l'expérience et pourquoi pas me faire connaître et rencontrer des gens intéressants ! "

J'étais choqué par sa réponse.
Elle n'était pas juste une simple élève de l'académie d'Eden. Elle décidait et choisissait tout par elle-même, elle savait quel genre de vie elle voulait mener. Il n'y avait pas l'ombre d'une hésitation dans son regard. Peut-être que je me trompais sur toute la ligne mais, c'est cette impression qu'elle m'a laissée.

" - Et toi ? Tu es violoniste alors ? Tu veux en faire ton métier, ou c'est une sorte de tremplin comme moi ? "

Le violon était tout pour moi. Le dernier bien laissé par mon grand-père. Ce qui me permettait de survivre. Je payais mon loyer avec l'argent que je gagnais en me produisant un peu partout. Avec un sourire, je lui répondis :

" – Je veux en faire mon métier. "

Si j'étais venu à Eden, c'était pour m'améliorer. Encore et encore. Jusqu'à atteindre la perfection.

" – Tes parents doivent être heureux pour toi, non ? Je veux dire, avoir une fille aussi mature et réfléchie, c'est ce que tous les parents recherchent. "

Puis, me rendant compte que tout cela ne me concernait pas :

" – Excuse moi pour cette question, tu n'es pas obligé d'y répondre. "

Un léger sourire s'afficha sur les lèvres du garçon. Le violon semblait être une chose très importante pour lui... Personnellement, je n'avais jamais aimé apprendre à jouer un instrument, et bien que mes parents m'ait obligé à jouer du piano, je préférais écouter, que pratiquer. Quelque chose me laissait dire qu'il devait être très doué, sa timidité, l'importance qu'il donne à son instrument... C'était surement un moyen pour lui de s'exprimer et de vivre... Je le regardais un peu différemment et nos regards se croisèrent quelques secondes. Je put voir dans ses yeux que lui aussi devait méditer sur ma personne. En fait nous étions très différents, mais une ambition très puissante nous liait...

" – Tes parents doivent être heureux pour toi, non ? Je veux dire, avoir une fille aussi mature et réfléchie, c'est ce que tous les parents recherchent. "

Je m'apprêtais à répondre lorsqu'il ajouta:
" – Excuse moi pour cette question, tu n'es pas obligé d'y répondre. "

Je restais muette quelques instants et finit par éclater de rire.

-Une question c'est fait pour y répondre non? Et tu ne m'as posé de question embarassante à ce que je sache ! Alors pour te répondre, non mes parents n'étaient pas vraiment heureux pour moi... Ils voulaient juste je pense m'envoyer loin d'eux, et avoir bonne conscience que je soit entre de bonnes mains... Mais honnêtement, c'est moi qui me suis débrouillé pour venir jusqu'ici, on n'a pas fait de fête pour mon départ, on ne s'est pas promit de s'appeler. Ca ressemblait à une sorte d'adieu. Mais pas de cinéma... Loin de là...

Je souriait simplement, sans grand enthousiasme, raconter cette histoire une nouvelle fois ne me faisait presque plus rien à présent. Je me revoyais leur faire la bise, comme à des voisins et les quitter, comme si ma vie avec eux n'était qu'une page de leur vie, et qu'il était tant pour eux de l'a tourner. Je lachais sans m'en rendre compte un petit sourire.

-Et toi? Tu as des fans? Tes parents sont heureux que tu sois admis dans un truc pareil?

Elle éclata de rire.
Je ne compris pas bien pourquoi, mais comme cette question ne semblait pas trop la gêner, je n'avais pas à me plaindre.
Au contraire même, elle y répondit comme si c'était la chose la plus simple au monde.

" -Une question c'est fait pour y répondre non? Et tu ne m'as posé de question embarrassante à ce que je sache ! Alors pour te répondre, non mes parents n'étaient pas vraiment heureux pour moi... Ils voulaient juste je pense m'envoyer loin d'eux, et avoir bonne conscience que je sois entre de bonnes mains... Mais honnêtement, c'est moi qui me suis débrouillé pour venir jusqu'ici, on n'a pas fait de fête pour mon départ, on ne s'est pas promit de s'appeler. Ca ressemblait à une sorte d'adieu. Mais pas de cinéma... Loin de là... "

Néanmoins, je trouvais cela triste, comme histoire.
Je m'interrogeais aussi beaucoup. Est-ce qu'elle avait espérée quelque chose venant d'eux ? Ne serait-ce que de les voir verser quelques larmes ? Des félicitations ? Ou elle savait qu'ils se comporteraient toujours aussi froidement à son égard peu importe si elle mourrait ou si elle partait loin d'eux ? Elle ne semblait pas être le genre de personne qui appréciait qu'on s'apitoie sur son sort, donc, je préférai ne rien rajouter pour le moment.

" -Et toi? Tu as des fans? Tes parents sont heureux que tu sois admis dans un truc pareil? "

Ce fut à mon tour de rire :

" – Je passe inaperçu dans la rue. On ne me reconnaît qu'après que je me sois présenté et si j'ai mon violon sur moi, et encore.
Et, de nos jours, on s'intéresse davantage à des musiques qui bougent qu'au classique, en fait. Pour autant, je ne recherche pas la popularité, donc, cela me convient parfaitement. "

Puis, je marquai une courte pause avant de rajouter :

" – Mes parents sont morts dans un accident de voiture. "

Je ne pouvais pas sourire en racontant une telle histoire, j'aurais pu passer pour quelqu'un de détestable, et de complètement insensible. Je ne souriais pas, mais je n'avais pas la mine de quelqu'un prêt à exploser en larmes non plus.

" – Je ne me souviens pas d'eux, j'étais trop jeune. Je n'ai pas non plus envie de me souvenir d'eux, car au fond, cela ne me rapporterait rien, si ce n'est que de la tristesse. "

Enfin :

" – Mais, je suis persuadés qu'ils étaient de bonnes personnes, alors, je pense qu'ils auraient étés vraiment très heureux pour moi. "

Du moins, c'est ce que j'espérais. On m'avait souvent dit que ma mère était respectable et très calme et que mon père, malgré sa très mauvaise réputation au sein de notre famille comme un 'délinquant', avait bon cœur.

" – Il y a-t-il une raison pour que tes parents te 'détestent' à ce point ? Je veux dire. Peu importe vos relations, tu es leur fille, non ? "

Je trouvais que je me mêlais un peu trop des affaires qui ne me concernaient pas.
Je présume que j'ai toujours été comme ça, curieux et laissant son instinct parler, ne prenant le temps de réfléchir que lorsque je devais faire une décision de grande importance. J'ignorais depuis quand j'étais aussi bavard et...exaspérant.

" – Je suis désolé si je te parais trop curieux, encore une fois. "

Le fait que j'éclate de rire parut le surprendre, il ne s'attendait apparemment pas du tout à ce genre de réaction. Je n'avais pourtant moi-même aucun problème avec ça. Parler de ce genre de chose, sans rentrer dans de grands débats ou de devoir faire preuve de grands sentiments ne me faisait rien du tout, et ne me forçait pas à me mettre sur la défensive. Je comprenais un peu qu'il soit surprit, il devait plutôt s'attendre à ce que je le rejette gentimment. Mais les gens comme lui, qui ne sont pas trop social et bavard, ont l'air de gens qui peuvent plus nous comprendre et sont plus respectueux de nos propres choix, du moins c'était ce que je pensais.

" – Je passe inaperçu dans la rue. On ne me reconnaît qu'après que je me sois présenté et si j'ai mon violon sur moi, et encore.
Et, de nos jours, on s'intéresse davantage à des musiques qui bougent qu'au classique, en fait. Pour autant, je ne recherche pas la popularité, donc, cela me convient parfaitement. "

Il s'arrêta un instant et je put lui sourire. Il ne cherchait pas non plus la popularité ou la célébrité, cela ne m'étonnait pas de lui, même sans le connaître...

– "Mes parents sont morts dans un accident de voiture. "

Mon sourire disparut tout de suite de mes lèvres et j'affichait une moue attristée. Mes parents connaissaient des tonnes de gens dont les parents étaient mort jeune, d'accident, de maladies graves etc... Cela était tellement banal à notre époque maintenant. Et moi-même, je recontrais pour la première fois un orphelin, autre que dans les films ou dans mes livres. Je le regardais différemment, il avait dit cela avec détachement et sans grande tristesse. Je le comprenais un peu, mais je n'osais lui dire que je pensais que si mes parents mouraient d'un accident, je n'aurais pas e grande peine, nous n'étions pas une famille très unie... Mais si je lui sortai sun truc pareil, il me regarderait comme quelqu'un de froid et de cruel. Je soupirais, bah j'étais froide et cruelle de toute manière...

" – Je ne me souviens pas d'eux, j'étais trop jeune. Je n'ai pas non plus envie de me souvenir d'eux, car au fond, cela ne me rapporterait rien, si ce n'est que de la tristesse. "

Je ne dis rien et il y eut un petit silence. Cependant, je sentais qu'il allait poursuivre:
" – Mais, je suis persuadé qu'ils étaient de bonnes personnes, alors, je pense qu'ils auraient étés vraiment très heureux pour moi. "

Je lui souriait avec franchise et je me demandais s'il avait connu ses parents, serait-il redevenu le jeune homme musicien et introvertie qu'il était? Ou le contact d'une famille heureuse l'aurait peut-être fait devenir un type comme les autres, sans histoire et sans rêve...
Après tout, moi-même sans ma beauté et mon physique, je n'avais pas vraiment de rêve, juste des buts parci par là et aucun vrai don... Non peut-être étais-je trop dur avec moi-même, j'avais tout de même des qualités... Enfin je crois...

" – Il y a-t-il une raison pour que tes parents te 'détestent' à ce point ? Je veux dire. Peu importe vos relations, tu es leur fille, non ? Je suis désolé si je te parais trop curieux, encore une fois. "

Je fronçais malgré moi les sourcils. Pourquoi devenait-il aussi insistant? Je fit sans m'en rendre compte un pas en arrière, je voulais me mettre clairement sur la défensive, qu'est-ce que c'était que ce type qui voulait un dortoir, et qui en venait à me faire raconter ma vie? Je scrutais son blason, comme pour vérifier qu'il était bien de l'école. Peut-être l'avait-il volé à un élève? Peut-être était-il fou, ou un fanatique déluré?
Je me rapprocha alors un peu de lui, après plus de réflexion, je pensais finalement que comme il était orphelin, le fait que moi qui disposait d'une famille, je ne sois pas heureuse avec eux. Je plissais légèrement les yeux, avec une certaine tristesse, cela devait l'écoeurer en réalité. Je passais pour l'égoiste et gâtée de service. J'avais des parents auprès de moi, et finalement, leur mort m'était acceptable. Etais-je un monstre?

-Mes parents ne m'ont pas fait tel qu'ils le désiraient, pour eux je suis resté un échec, et un deuxième en plus car mon grand-frère n'était pas vraiment mieux... Je sais que pour toi c'est peut-être dur à concevoir, mais les vraies familles qui s'aiment vraiment et son unies, c'est soit très rare, soit à la télé... Je suis contente de ne plus avoir à eux, et ils sont heureux de ne plus avoir à s'occuper de moi. Que je sois leur fille n'était qu'un étiquettage et un papier administratif... Je peux être leur fille, cela ne changera pas le fait que je suis une mauvaise herbe dans leur jardin...

Je prônais là des grandes valeurs familiales du Japon et les décapitait coup après coup. Combien de politicien m'auraient tué s'ils m'avaient entendu dire ça?
Je voulais changer de sujet, ne pas m'étaler, cesse de parler de moi, c'était agaçant et je risquais de perdre toute simpathie pour cet individu, alors je lui demandait simplement:

-Tu veux bien jouer du violon?